Académie catholique de France, Puissances technologiques et éthique de la décision, Paris, Parole et Silence, 31 octobre 2019, 168 p., 17,00€.
Cet ouvrage est un recueil de contributions réunies par le philosophe et théologien Philippe Capelle-Dumont, professeur à la faculté de théologie catholique de l’Université de Strasbourg et président de l’Académie catholique de France, et par Christine Roche, présidente du Centre Catholique International de Coopération avec l’UNESCO. Ce livre fait suite à une journée d’étude organisée par ces deux institutions en partenariat avec l’Université Catholique de Lyon.
Ce recueil questionne le progrès technique, particulièrement dans l’arrivée et les perspectives de l’Intelligence Artificielle et des impacts qu’elle pourrait avoir sur notre humanité et notre monde. Il tente ainsi « d’élucider les types de rapports actuellement bouleversés entre la technique et la nature, entre la puissance des technologies avancées et les instances de décision. » (p. 9) Les auteurs considèrent que « l’interaction entre le monde de la limite […] et l’illimité de l’aventure technique […] impose un nouveau paradigme éthique. » (p. 9)
La première partie dresse des diagnostics concernant les avancées technologiques et leurs effets sociétaux, tandis que la seconde cherche à dessiner « l’espace éthique des décisions que cette situation appelle. » (p. 10) Ainsi, la première partie évoque les cycles d’innovations technologiques, la dynamique du vivant entre robustesse et vulnérabilité, les voies potentielles de l’intelligence artificielle, la place des nouvelles technologies en médecine, ainsi que la question des enjeux financiers. La seconde partie déploie différents modes interprétatifs : philosophie, sciences humaines, poésie et théologie. Partant de bases philosophiques classiques : Heidegger, Foucauld, Jonas…, l’ouvrage veut aller plus loin et montrer que l’éthique théologique chrétienne a de quoi offrir à un développement technologique.
Les contributions de ce recueil nous ont paru de bon niveau ; plusieurs méritent selon nous d’être distinguées. En quelques pages, Thierry Magnin pose un diagnostic saisissant en tissant sciences, anthropologie, éthique et théologie chrétienne pour évoquer la plasticité du vivant, « tension dynamique entre « robustesse et vulnérabilité » » (p. 50). Philippe Capelle-Dumont pour sa part relit la philosophie de la technique du XXe siècle et l’ouvre à la théologie de l’Alliance. Augustin Dibi Kouadio enfin voit l’hyper connexion comme un « sans distance » qui interpelle notre élévation de l’être et notre élévation à l’Être.
Paru le 1er octobre 2020 dans la Lettre n°144 du CEERE (Centre Européen d’Enseignement et de Recherche en Ethique).
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