Éric SALOBIR, Dieu et la Silicon Valley, Paris, Buchet-Chastel, mars 2020, 299 p., 20,00€.
Éric Salobir, O.P., est président d’Optic, le réseau de l’ordre dominicain pour les nouvelles technologies. Il est consulteur du Conseil pontifical de la culture et du dicastère pour la communication, membre du Conseil national du numérique.
Son ouvrage est un livre de vulgarisation en éthique des nouvelles technologies. L’histoire de ce religieux et ses liens avec la Silicon Valley sont un prétexte pour « trier le certain, le probable, le plausible, l’invraisemblable et l’impossible » (p. 42), interroger nos choix et promouvoir l’ethics by design.
Au travers de vingt courts chapitres, l’auteur aborde son parcours (ch. 1) puis présente la genèse d’Optic (ch. 2). Il propose ensuite une vision humaine de la Silicon Valley (ch. 3) et dévoile sa dimension mythique pour nous rappeler à notre liberté (ch. 4). Il aborde ensuite la question de la place de la technique dans l’histoire humaine (ch. 5) et questionne notre pilotage des nouvelles technologies (ch. 6). Entre confiance ou défiance excessives d’une part et laisser‑faire d’autre part, une voie serait‑elle possible ? Le chapitre suivant questionne : la crise de confiance actuelle dans la statistique classique serait‑elle une crise spirituelle ? (ch. 7) Comment articuler cette crise dans un monde de big data ? (ch. 8) Les questions des données esquissées, l’auteur s’attaque à celles de l’avenir du travail dans une société de chatbots et de robots (ch. 9). Viennent ensuite des questions d’IA et d’éthique militaire : néo‑classique (ch. 10) et cyberguerre (ch. 11), ainsi que des questions d’algoréthique : domestique (ch. 12), judiciaire (ch. 13). La démultiplication des ces questions, les incompréhensions et craintes qui vont avec interrogent la confiance de nos contemporaines avec ce boom des TICs (ch. 14). La démocratie sera‑t‑elle remplacée par une algocratie ? (ch. 15) Ce détour politique fait, l’auteur revient à des questions de champs disciplinaire : la médecine (ch. 16) et la question de l’immortalité (ch. 17). Pour finir, ce cheminement, Éric Salobir nous fait passer par des questions de fonds : « L’intelligence artificielle est‑elle intelligente ? » (p. 238, ch. 18), la singularité et l’intelligence artificielle générale (ch. 19), enfin faut‑il partir à la conquête de mars ? (ch. 20)
Si l’ouvrage n’approfondit aucun point, il est un tour d’horizon très cultivé des questions qui se posent et de leur contexte. L’auteur ne veut ni diaboliser ni idolâtrer, il cherche à humaniser notre regard sur la « tech » et ses géants, à responsabiliser notre agir personnel et commun.
Ouvrage : http://www.buchetchastel.fr/dieu-et-la-silicon-valley-eric-salobir-9782283034026
Paru le 1er juillet 2021 dans la Lettre du CEERE (Centre Européen d’Enseignement et de Recherche en Ethique), n°153.
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