3-6-9-12 : Apprivoiser les écrans et grandir

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Serge TISSERON, 3-6-9-12 : Apprivoiser les écrans et grandir, Toulouse, Éditions Érès, « 1001 et + », janvier 2016 (1ère édition 2013), 133 pages, 10,00 €.

Couverture du livre 3-6-9-12 : Apprivoiser les écrans et grandir

Dans « 3-6-9-12 : Apprivoiser les écrans et grandir », Serge Tisseron aborde l’une des préoccupations les plus pressantes des parents d’aujourd’hui : comment gérer l’exposition des enfants aux écrans et aux médias numériques. Avec la prévalence croissante de la technologie dans la vie quotidienne, les parents et les éducateurs sont confrontés au défi d’intégrer les outils numériques dans la vie des enfants d’une manière qui favorise leur développement sain. L’auteur, psychiatre et psychanalyste de renom, propose une approche structurée et adaptée à l’âge de l’enfant, ce qui fait de son livre une ressource essentielle et opportune.

Le fonds du livre est organisé autour de quatre étapes critiques du développement : 3, 6, 9 et 12 ans. Pour chaque étape, Tisseron fournit des recommandations personnalisées sur le moment et la manière dont les enfants devraient être familiarisés avec les écrans. Il souligne l’importance d’un contenu adapté à l’âge, de limites de temps et de la nécessité d’équilibrer l’utilisation des écrans avec d’autres activités afin de garantir un développement équilibré.

Le cadre de Tisseron est ancré dans la psychologie du développement, s’appuyant sur les théories de Jean Piaget et de Lev Vygotsky, entre autres. Il fait également référence à des études empiriques pour étayer ses lignes directrices, ce qui confère de la crédibilité à ses recommandations. Tout au long du livre, Tisseron inclut des preuves anecdotiques et des études de cas tirées de son expérience professionnelle, illustrant les applications pratiques de ses conseils.

La trame du livre se déploie autour de 7 chapitres. « Pourquoi les campagnes contre les dangers des écrans sont-elles sans effet ? » qui démontre l’inanité de culpabiliser des usagers isolés.  » 3-6-9-12, l’état des savoirs » fait le point sur l’état des connaissances scientifiques en abordant les avantages et dangers des écrans pour les différentes tranches d’âge.  » 3-6-9-12, une feuille de route adaptée à chaque âge » invite les parents et éducateurs à s’adapter à l’âge de l’enfant et à l’accompagner dans une découverte progressive de l’usage des écrans. Ceux-ci développe particulièrement l’intelligence spatialisée – référence assumée à la théorie des intelligences multiples définies par Howard Gardner – ; c’est pourquoi Serge Tisseron recommande des pratiques familiales et créatives qui développent également ce qu’il appelle l’intelligence narrative. Le chapitre 4 est tout entier consacré à Facebook comme parangon des réseaux sociaux ; cette section est l’occasion de recadrer un certains nombre de propos lapidaires et mythes numériques qui empêchent de comprendre et accompagner les jeunes. Cela le conduit au chapitre suivant  » Du bon usage des réseaux sociaux  » dans lequel il commence par rappeler sa proposition de reprendre le concept d’extimité comme  » fait de rendre public certains éléments de sa vie intime afin de les valoriser par le commentaire de ceux que nous avons choisis pour en être les témoins.  » (p. 69) Il poursuit en articulant avec nuance le continuum entre invisibilité et publicité : intimité, intériorité, extimité… Serge Tisseron cadre l’ensemble de ce chapitre dans les étapes de maturité et le besoin de construire l’autonomie de l’enfant ; il déploie son propos sur l’usage des réseaux sociaux dans les institutions éducatives. Le sixième chapitre présente la quadruple révolution des technologies numériques selon l’auteur : révolution dans la relation aux savoirs, dans la relation aux apprentissages, une révolution psychologique et une révolution des liens et de la sociabilité. Ce faisant notre psychiatre évite le catastrophisme et nous offre des clés pour comprendre les enjeux dans la psychologie de l’éducation et imaginer la complémentarité entre culture du livre et culture des écrans. Le dernier chapitre invite à se saisir de al réflexion collectivement : écoles, associations… En effet, l’un des problèmes de fonds est que l’usager est isolé ; il nous faut donc chercher ensemble nos solutions.

Quoique ce travail de vulgarisation soit nécessairement très descriptif, ses recommandations sont fondées sur des études scientifiques. Les arguments de Tisseron sont fermement ancrés dans la psychologie du développement et la recherche empirique, ce qui rend ses recommandations crédibles et fiables. De plus, ces recommandations sont claires et applicables ; parents et éducateurs peuvent facilement les mettre en œuvre. La structure par âge aide les lecteurs à comprendre le raisonnement qui sous-tend les lignes directrices de chaque étape. En outre, la prose de Serge Tisseron est claire et accessible, rendant des concepts psychologiques complexes compréhensibles pour un large public.

Compte tenu de la rapidité des changements technologiques, certaines des lignes directrices spécifiques de l’auteur pourraient devenir obsolètes. Ce livre nécessitera des mises à jour régulières pour rester pertinent face aux nouveaux outils et plateformes numériques.

« 3-6-9-12 : Apprivoiser les écrans et grandir » est un guide réfléchi et bien documenté qui aborde un aspect incontournable de l’éducation moderne des enfants. Serge Tisseron fournit un cadre précieux pour gérer le temps d’écran des enfants d’une manière qui favorise leur développement sain. L’ouvrage est une ressource hautement recommandée pour les parents, les éducateurs et toute personne impliquée dans le développement des enfants. Il propose une approche équilibrée et réfléchie de l’intégration des médias numériques dans la vie des enfants, en veillant à ce qu’ils puissent bénéficier de la technologie sans compromettre leur croissance et leur bien-être.

De façon anecdotique mais que j’ai beaucoup apprécié, plutôt que l’absurde distinction entre monde réel et virtuel – qui implique que les vécus au travers des écrans ne serait pas réel… -, l’auteur parle de monde concret et mondes numériques ; une articulation qui fait bien davantage sens selon moi.

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